Stéphanie Claudon
Auxiliaire de service vétérinaire
Stéphanie Claudon, une reconversion au poil !
Diplômée infirmière en 1996, Stéphanie Claudon a consacré plus de vingt ans à sa profession, évoluant principalement en hémodialyse et en EHPAD, entre la région parisienne, Orléans et la Bretagne.
Animée par une véritable passion du soin, elle a cependant dû faire face à une réalité de terrain de plus en plus difficile : conditions de travail dégradées, surcharge constante, pénurie de personnel et pression du « faire vite » au détriment de l’écoute et de la qualité de la prise en charge des patients.
Cette tension croissante a fini par susciter en elle une remise en question profonde de son métier.
Le déclic est survenu en 2016, alors qu’elle exerçait en hémodialyse à Rennes.
Les infirmières de son service assumaient à la fois leur rôle et celui des aides-soignantes, alourdissant considérablement la charge de travail. La peur de commettre une erreur, notamment médicamenteuse, s’est installée durablement, renforçant son stress et son mal-être.
C’est à cette période qu’elle a découvert le réseau Asalée (Action de santé libéral en équipe), un dispositif de coopération entre infirmière déléguée à la santé publique et des médecins généralistes, centré sur l’éducation thérapeutique, proposant un accompagnement des patients à leur rythme, loin du soin technique et urgentiste. Ce changement de paradigme a nourri son envie de travailler autrement, plus humainement, en accord avec les besoins et les rythmes réels des patients.
Pendant environ 1 an, Stéphanie a mûri son projet d’intégrer le réseau Asalée et obtient un poste en mai 2018. Elle y a exercé pendant cinq ans, accompagnant notamment des patients sur des problématiques en lien avec leurs facteurs de risques cardiovasculaires (hypertension artérielle, diabète, sevrage tabagique, surpoids …) ainsi que les dépistages de troubles cognitifs.
Cette expérience lui a permis d’expérimenter une autre forme de relation aux patients, fondée sur l’écoute, la confiance et le long terme. Cependant, elle fut parfois frustrante, car Stéphanie avait besoin de « palper les résultats » concrets de son travail pour renforcer sa confiance en elle.
Or, dans ce métier d’accompagnement, les progrès sont lents, incertains et dépendent fortement de la volonté des patients, ce qui la pousse à se remettre en question quant à son efficacité. La charge émotionnelle liée aux confidences des patients sur leurs difficultés de vie, sans toujours pouvoir leur apporter de solutions, générait également un sentiment d’impuissance.
Sentant le besoin de voir plus concrètement les fruits de son engagement pour retrouver confiance, Stéphanie a décidé d’envisager une nouvelle voie professionnelle.
En 2023, elle entreprend un bilan de compétences avec un accompagnement personnalisé qui met en lumière son intérêt pour le contact humain et animal, ainsi que pour la polyvalence.
Deux métiers ressortaient : préparatrice en pharmacie et auxiliaire de service vétérinaire. Après une journée d’immersion organisée par le service conseil en évolution professionnel dans chacun des deux métiers, elle a confirmé son choix pour le métier d’auxiliaire de service vétérinaire et entamé un dispositif de démission-reconversion.
« Après cette journée en immersion dans la clinique vétérinaire, j’ai su que c’était ça que je voulais faire. »
Pour concrétiser son projet, Stéphanie a dû monter et présenter à la commission transition Pro un dossier solide et suivre plusieurs étapes afin d’obtenir l’autorisation de démissionner et prétendre à ses droits au chômage pendant sa formation.
Ce processus, exigeant en temps et en énergie (rédaction du dossier, recherche de financements), lui a permis de financer sa formation grâce à un mix de fonds personnels, de CPF et d’aides régionales.
Elle a ainsi pu démarrer sa formation en septembre 2023 à l’école Santélia, où elle a su s’intégrer dans une promotion majoritairement composée de jeunes de 18 à 25 ans. Doyenne de cette promotion, Stéphanie a su s’adapter et créer une boucle d’échanges intergénérationnelle.
« J’ai aidé les plus jeunes sur certaines matières comme la physiologie, l’anatomie ou les calculs de posologie des médicaments, et elles m’ont aidée en bureautique et en anglais. »
Au cours de sa formation, en plus du rythme scolaire exigeant, Stéphanie a effectué plusieurs stages dans des structures vétérinaires variées, qu’elle a choisies elle-même pour diversifier son expérience. Ces immersions lui ont permis de mettre en pratique ses acquis et d’apporter à ses managers une valeur ajoutée notable grâce à sa maturité professionnelle et son expérience antérieure en soins infirmiers. Elle a su prendre des initiatives, poser un regard critique et faire preuve d’une grande motivation, ce qui a été très apprécié.
Aujourd’hui, à 51 ans, Stéphanie se projette avec enthousiasme dans ce nouveau métier, envisageant même des spécialisations futures en nutrition animale ou en physiothérapie pour enrichir sa relation aux propriétaires et aux animaux.
Les clés de succès de la reconversion de Stéphanie
Une réflexion mûrie dans le temps : sa décision ne s’est pas prise du jour au lendemain, mais a mûri sur plusieurs années, lui permettant d’aborder son projet avec sérénité et détermination.
Le soutien des organismes d’accompagnement : avant de démissionner, elle a été accompagnée par un Conseiller en Évolution Professionnelle (CEP) qui l’a aidée à construire son projet, à évaluer les risques, à identifier le chemin le plus adapté et à constituer son dossier pour la commission Transitions Pro, qui valide le caractère « réel et sérieux » du projet.
Une prise de décision claire et engagée : une fois la décision prise, elle a enclenché le processus avec la conviction d’aller jusqu’au bout, indispensable face à la complexité et aux étapes multiples du dispositif.
Le soutien de son entourage familial et proche : sa famille a toujours été un pilier essentiel pour traverser les moments d’incertitude et les démarches administratives.
La motivation et le sérieux dans la formation : sa volonté d’intégration, son investissement personnel et son sérieux ont été remarqués et appréciés, facilitant son adaptation et sa réussite.
L’adaptation à un environnement intergénérationnel : elle a su nouer des liens avec des jeunes élèves, les aider sur certains points et s’appuyer sur leur soutien sur d’autres, renforçant son sentiment d’appartenance et d’efficacité.
Le travail personnel et la persévérance : elle évoque le fait de « bosser tous les soirs et les week-end », s’investissant pleinement dans sa formation, un facteur clé pour réussir ce virage à 50 ans.
Entre audace, patience et persévérance, elle a su transformer ses doutes en un nouveau souffle, rappelant que la reconversion est avant tout un voyage intérieur aussi exigeant que libérateur. Un peu comme un chat qui retombe toujours sur ses pattes, elle a su garder équilibre et confiance face au changement.
