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Nicolas Genuardi

Concierge à l'Intercontinental Genève

Nous avons passé environ 12 fois 5 minutes ensemble. Pas une heure complète, non. Juste des fragments d’entretien volés au milieu des sourires, des accolades, des mots complices qui, mis bout à bout, dessinent en filigrane le portrait d’un homme profondément respecté et apprécié.


Nicolas Genuardi, 68 ans, c’était l’âme de cet hôtel cinq étoiles. Un visage familier. Une présence douce et fiable. Une silhouette élégante, toujours debout derrière le comptoir ou en mouvement discret, à l’écoute. Un homme que tout le monde semble connaître et reconnaître.


Italien d’origine, Nicolas est arrivé en Suisse à 22 ans. Après quelques années dans un autre établissement, il rejoint l’Intercontinental Genève en 1985, pour ne plus jamais en repartir. Pendant près de quarante ans, cet hôtel devient sa maison.


Il a croisé des centaines de personnalités- Ronald Reagan, Bill Clinton, Joe Biden, le Dalaï-Lama- pour n’en citer que quelques-unes. Il dit souvent qu’il pourrait écrire au moins deux livres d’histoires extraordinaires. Et je veux bien le croire.


Son métier ? Répondre à toutes les demandes des clients de l’hôtel, même les plus inattendues comme un tour du lac Léman en montgolfière ou l’achat express d’une balance pour diamants. 


Mais au-delà des anecdotes insolites, ce qui définissait Nicolas, c’était sa constance, sa discrétion, et son sens du service inné. Véritable chef d’orchestre, il coordonnait chaque jour les actions des autres concierges et bagagistes avec précision, élégance, et un sens du service client, indétrônable.


Des familles entières, génération après génération, font confiance à Nicolas et continuent de séjourner à l’hôtel. Certains enfants de clients l’appellent encore par son prénom, des décennies plus tard. Nicolas est un visage, un point d’ancrage, un lien vivant entre hier et aujourd’hui.


En 2020, alors qu’il atteint l’âge légal de la retraite en Suisse (65 ans), le monde bascule. Le Covid-19 arrive, les frontières se ferment, les avions restent au sol. Et dans l’hôtel déserté, quelques clients internationaux se retrouvent bloqués à Genève pendant plusieurs mois.

 

Comme tant d’autres établissements, l’Intercontinental Genève est contraint de réduire ses effectifs. De quatre concierges, l’équipe passe à un seul : Nicolas.


Confiné chez lui, il continue malgré tout de gérer à distance les besoins des clients, avec la même rigueur, le même engagement. Il devient l’unique lien opérationnel entre l’hôtel et ses hôtes, grâce à sa connaissance clients, sa mémoire infaillible, son carnet d’adresses, sa connaissance profonde de la maison et de la ville de Genève.


Il ne retrouve physiquement son poste qu’en juin 2021, après la rencontre historique entre Joe Biden et Vladimir Poutine dans le cadre d’un sommet bilatéral entre les États-Unis et la Russie à Genève. Il a alors 64 ans. Il revient avec la même passion… mais avec l’envie de ralentir, et de passer la main.


Avec la Directrice des Ressources Humaines de l’établissement, Anne Ioos, ils co-construisent un départ progressif. Il réduit d’abord son temps de travail à quatre jours par semaine, puis trois. Une transition vers la retraite en douceur, pleinement assumée.


« Cela m’a permis de me détacher progressivement, et de ne pas connaître le choc trop brutal du passage à la retraite. »

Durant cette phase, il prend à cœur la transmission. Une jeune concierge de 25 ans qui rejoint l’hôtel en renfort pour la saison estivale, un autre de 30 ans, et un troisième plus expérimenté forment désormais l’équipe. À chacun, il transmet son savoir-faire, son savoir-être, et surtout ses valeurs. Il leur répète souvent :


« Tout ce que je vous transmets, ça vaut de l’or. »

Il leur parle d’écoute, de discrétion, d’exigence du service. Il leur apprend à deviner les attentes, à désamorcer les tensions, à comprendre les codes culturels. Il partage aussi des astuces acquises au fil du temps.


Le 31 décembre 2024, Nicolas Genuardi prend officiellement sa retraite, à 68 ans. Il laisse derrière lui un poste, une équipe… mais aussi une légende. L’hôtel lui rend hommage avec une plaque gravée à son nom (cf. photo) et une ovation surprise générale dans le grand escalier de l’hôtel (voir lien vidéo en commentaire).


Aujourd’hui à la retraite, Nicolas Genuardi laisse derrière lui une empreinte indélébile dans le grand livre de l’intercontinental Genève. Il me l’a dit simplement :


 « J’ai tout donné. Alors maintenant, je prends du temps pour moi. »

Merci et bon vent, Nicolas, je suis heureuse d’avoir croisé votre incroyable chemin.


Myriam, fondatrice d'Horizons Porteurs.


Nicolas Genuardi
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