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Jean-Pierre Gehin

Directeur qualité

À 56 ans, Jean-Pierre Gehin affiche près de 30 ans d’expérience au croisement de l’industrie automobile et de la gestion de projets internationaux. Diplômé en 1992, il commence à travailler en 1994 dans un contexte qui se tend pour les jeunes embauchés : « ça ne sentait pas super bon pour les jeunes embauchés », se souvient-il. 


Jean-Pierre débute à la FIEV (fédération des équipementiers de l’automobile) puis chez l’équipementier Faurecia, d’abord ingénieur, directeur technique, puis responsable qualité et chef de projet. Très vite, il prend part à des projets stratégiques, impliquant des usines dans différents pays européens, notamment en Espagne, où il accompagne l’intégration de projets Faurecia dans des usines récemment acquises par le Groupe. Cette expérience l’amène à piloter le transfert de compétences au sein d’équipes multiculturelles, une dynamique qui résonne fortement dans son approche actuelle du travail avec les jeunes générations.


Après avoir consolidé ses compétences et son leadership dans l’industrie pendant plus de 30 ans, il rejoint Texelis, concepteur et fournisseur de ponts, de transmissions et de sous-systèmes de mobilité pour le transport de personnes à Limoges, en octobre 2023, où il occupe aujourd’hui un poste clé autour de la qualité et de la RSE. Ses années d’expérience dans l’industrie automobile et son expertise des normes européennes du secteur, qu’il a contribué lui-même à créer, associée à sa capacité à gérer des situations complexes, ont fait la différence au moment du recrutement, m’a confié Raphaëlle Rouchaud, DRH de Texelis.


Quand le corps dit stop


Sa trajectoire connaît malgré tout une zone de turbulences. À 45 ans, un accident de santé l’oblige à s’arrêter brutalement et remet en cause son équilibre. Beaucoup, collègues, médecins comme entourage personnel, lui prédisent un retour tardif au travail. 


Mais Jean-Pierre n’a jamais aimé les scénarios écrits d’avance. Après un mois et demi seulement, il est de retour au travail. Non pas en niant cette alerte ni ses limites, mais en cherchant d’autres ressources. Il accepte un aménagement de poste, entame un bilan de compétences proposé à l’occasion de ses 45 ans, exercice qu’il transforme en véritable thérapie de reconstruction. Là où d’autres auraient sombré, il choisit de transformer cette alerte en électrochoc positif. Cet épisode deviendra un repère : la preuve que même quand tout semble vaciller, il est possible de trouver un levier pour repartir.


Tenir dans le cyclone


Les années suivantes n’ont pas été un long fleuve tranquille. Restructurations internes, fusions de sites, jeux politiques, changement d’activités, éloignement géographique… autant de vagues qui auraient pu le décourager. Ajoutez à cela un environnement managérial parfois fondé sur la pression et la peur, et on comprend que beaucoup auraient perdu l’envie. Mais Jean-Pierre, lui, a trouvé un antidote : discipline sur les fondamentaux, priorité sur ce qui fait sens et confiance dans ce que les femmes et les hommes sont capables de faire. Et une ligne de conduite : faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.


Les secousses n’ont pas seulement été professionnelles. Un divorce difficile vient s’ajouter aux pressions du travail, et la coupe aurait pu être pleine. Mais une fois encore, Jean-Pierre choisit le rebond. Plutôt que de s’enliser dans la rancœur ou la peur, il décide de prendre une respiration : un mois en Méditerranée, une parenthèse volontaire, pour remettre de l’ordre dans sa tête et son cœur, avant de s’engager dans un nouveau défi chez Texelis que Raphaëlle Rouchaud  lui propose. C’est dans leurs locaux de Limoges que je les ai rencontrés tous les deux en juillet 2025.


Ce qui frappe chez Jean-Pierre, ce n’est donc pas l’absence de difficultés, elles ont été nombreuses, mais sa manière de les appréhender. Il garde une forme d’optimisme lucide. Pas un optimisme naïf, mais la conviction que la tempête ne dure pas toujours, et qu’il existe toujours un chemin pour tenir bon. 


« Il faut des fondamentaux : ne pas rester seul, garder un rythme, rester en mouvement » 

Ces notions reviennent régulièrement dans nos échanges. Ces rituels simples sont devenus ses remparts. Elles lui ont permis d’assurer ses appuis et de garder un équilibre précieux dans les moments où tout semblait s’écrouler, de ne pas se laisser embarquer par le cyclone ou happer par la spirale du découragement.


L’effet miroir générationnel : apprendre à transmettre


Un aspect clé de son parcours est la dynamique générationnelle, ce qu’il appelle “l’effet miroir”, notamment entre générations. 


Quand il débute à la FIEV, le contraste entre juniors et seniors est flagrant : « j’étais jeune, mais j'observais beaucoup, quand tous les autres partaient à 17H, moi je restais avec mon directeur (davantage mentor et sparring partner que « chef »), je voulais comprendre comment ça fonctionnait, je posais des questions et surtout j’observais ses réactions en lui présentant mes analyses, mes propositions ou suggestions».


Il se souvient de la difficulté à prendre sa place au début de sa carrière, du respect envers les anciennes générations, et de cet apprentissage indirect librement choisi, par observation, mimétisme et confrontation positive qui lui a permis de démarrer. 

Ce vécu façonne progressivement sa posture envers la jeune génération. Il devient même professeur contractuel à l'Université de Besançon et à l'IUT de Montbéliard où il donne de son temps quelques jours par mois aux étudiants, en management de la qualité et résolution de problèmes. 


« Je me revois un peu dans ces jeunes, ils vivent des contextes parfois similaires, leurs questions sur le sens, l’équilibre, et la façon de se projeter dans un environnement mouvant.»

Dépasser la simple cohabitation intergénérationnelle devient alors pour lui un moteur de transmission. À mesure que Jean-Pierre avance en âge, il se projette désormais avec le désir affirmé de transmettre son expérience, son regard et ses méthodes. 


Même si le temps n’est pas venu, il évoque volontiers son « rêve de retraite » : devenir professeur, enseigner, transmettre avec enthousiasme ce qu’il a appris à travers son métier mais pas que ! Car Jean-Pierre, qui se voyait prof de maths dans ses jeunes années, se voit aussi, pourquoi pas, professeur d’histoire-géographie, perspective nouvelle, fruit de ses nombreuses années de lecture et de la volonté permanente d’enrichir ses connaissances et de poursuivre la découverte de la vie.

Sa démarche est celle d’un artisan de la transmission : tester avant d’oser, expérimenter la pédagogie, chercher le bon canal pour faire résonner son expérience auprès des nouvelles générations. Cette phase d’expérimentation, ponctuelle d’abord, puis plus régulière, a conforté sa volonté de s’investir pleinement dans l’enseignement à l’avenir. 


Aujourd’hui, fort de cette expérience et animé par le désir ancré d’avoir un impact positif sur un secteur industriel en pleine mutation, Jean-Pierre regarde plus loin. Conscient du temps qui passe, il réfléchit déjà à la manière dont il souhaite aborder les prochaines années de sa carrière et préparer sa transition vers la retraite : après avoir observé et appris, il envisage de devenir ce miroir qui permet aux jeunes générations d’évoluer dans un environnement complexe et incertain et de grandir en autonomie. 


Jean-Pierre Gehin
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